Des vins gardois plus que bio

En France, la vigne représente 3,7 % de la surface agricole mais utilise 20 % des pesticides, ce qui nous place en tête des classements européens*. Les vins bio représentent une belle avancée pour nos sols et notre santé. Certains décident pourtant d’aller plus loin…

vin_bioFrançois dirige le domaine Malaïgue, tout près d’Uzès. C’est en 98 qu’une analyse de ses sols montre que la vie n’y est plus présente. Il se tourne alors vers le bio et diversifie sa production en y ajoutant oliviers et céréales. Mais il ne s’arrête pas là et recherche constamment le meilleur équilibre possible entre ce que la terre donne à la vigne et ce que la vigne redonne à la terre. Il utilise la permaculture pour augmenter l’activité des matières organiques des sols. Il plante des légumineuses pour apporter de l’azote et des légumes crucifères comme le radis fourrager dont les racines pivotent pour ne plus labourer. Quand ces différentes plantes sont en fleur, il utilise un rouleau Faca pour les sectionner et les coucher afin qu’elles se décomposent et enrichissent la terre. Cette technique permet aussi de garder le sol humide et d’économiser l’eau. Résultat : 5 ans plus tard, ses sols grouillent de vie. Le domaine embauche 7 personnes aujourd’hui, 80 % de la production est vendue en circuits courts et François me confie sa gratitude envers ses clients « Si on est encore là, c’est grâce aux gens du pays qui se donnent de la peine pour nous, je les remercie ! ».

La coopérative d’Héraclès rassemblant 68 producteurs, est le plus gros vignoble bio de France. Encouragés par Perrier souhaitant protéger la source, certains vignerons d’Héraclès passent en bio en 93. À l’époque, peu de gens connaissent le label, la demande est quasi inexistante mais la volonté de prendre soin de la terre prime sur les doutes. Ce sont presque 600 hectares de vignes bio aujourd’hui et 30 en cours de conversion. Le vin n’est pas systématiquement bio car la vinification doit aussi respecter un cahier des charges précis, surtout pour les quantités de soufre et de sulfites. La coopérative a pourtant une réelle volonté de faire toujours mieux pour respecter l’environnement.

La cave datant de 1939 va être remplacée par un bâtiment bioclimatique innovant favorisant les énergies renouvelables, la réutilisation des eaux, la plantation d’arbres et la biodiversité.

Édouard a choisi de faire le moins possible appel à la mécanisation. Avec son vignoble, Un Coin Sur Terre, il a l’ambition de passer de ses grappes à nos verres, en restant au plus près d’un raisin authentique. Il insiste cependant sur la complexité de la viticulture et ne jette pas la pierre aux méthodes conventionnelles dont bon nombre de ses collègues dépendent. Il a la chance de démarrer son activité et de la construire comme il le veut, même si le chemin vers la rentabilité va être long et semé d’embuches. Les vendanges se font à la main, l’étape d’égrappage aussi (séparation des grains). Puis les fruits, pour donner tout leur jus, sont foulés aux pieds. Et pour éviter au plus l’intrusion humaine dans le processus final de vinification, Édouard a choisi la douceur de la gravité et n’utilise aucune pompe pour déplacer le vin d’une cuve à l’autre. De vraies fleurs à l’environnement qui permettent à ses vins d’avoir une âme…

La filière viticole

  • Le label bio s’applique à la vinification depuis 2012
  • Dans un vin bio, 100 % des ingrédients sont bio
  • Un vin bio comporte moins de sulfite
  • Le Gard est le premier département en terme de surface de vignes bio
  • 10 % du vignoble gardois est bio
  • 17 % des vins bio sont vendus en vrac
  • Les achats de vins bio ont triplé entre 2005 et 2014

Julie Claverie
* www.sciencesetavenir.fr, mai 2016

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