Les tomates sans eau de Pascal Poot : une méthode qui porte ses fruits Sarah Perdreau magazine Greenouille

Pascal Poot cultive environ 300 variétés de tomates ainsi qu’un large panel de 150 légumes anciens, sans engrais, sans traitements et avec très peu d’eau. Gros plan sur cette méthode…

Les experts de l’ONU pensent qu’il y aura une famine mondiale d’ici peu. La cause ? Les semences traditionnelles*, utilisées aujourd’hui dans toutes les grandes cultures. Elles sont très gourmandes en eau et nécessitent beaucoup d’engrais dont de l’engrais phosphaté. Il n’existe que deux mines de phosphate dans le monde, l’une en Tunisie et l’autre au Maroc, mais leur exploitation touche à sa fin. Sans phosphate, la production actuelle sera divisée par 4. Les seules plantes capables de puiser le phosphate qu’il y a naturellement dans le sol sont les variétés anciennes (semences paysannes).

Pascal Poot, un agriculteur d’un autre genre, propose une solution toute simple qui a fait ses preuves : «  je fais en sorte que les plantes apprennent des choses au cours de leur vie et le transmettent à leurs descendances » explique-il dans la vidéo « On passe à l’acte ». Par exemple, si un plant de tomates tombe malade, il ne sera pas traité, pas même avec des soins bio. S’il survit, il va développer une résistance à cette maladie et ses graines aussi ! Cette technique a un autre avantage, plus la plante développe son système immunitaire, plus elle produit des antioxydants, des vitamines et du polyphénol (molécule anti-cancérigène). Une expérience a été faite avec 10 maraîchers en Bio dans différentes régions. Ils ont cultivé des semences réglementées et des semences de Pascal Poot pour comparer la qualité des fruits et le rendement. Suite à une analyse en laboratoire, ils ont découvert que les fruits issus des graines de Pascal Poot avaient vingt fois plus d’antioxydants et de vitamines que les autres fruits. C’est bien de produire en Bio sans pesticides, ni traitement chimique, mais la qualité des graines est un paramètre essentiel. Avec sa méthode, Pascal Poot récolte 15kg/m3 de tomates cerises et 20 à 25kg/m3 de tomates rondes, bien plus que dans l’agriculture traditionnelle.

Pour comparer l’impact de ses légumes sur l’organisme humain, Pascal Poot a mangé ceux vendus dans les supermarchés. Résultat, il était davantage fatigué et n’avait pas l’énergie nécessaire pour accomplir toutes les tâches journalières habituelles.

La méthode de Pascal

Il faut utiliser des semences paysannes, puis produire soi-même ses semences en prélevant les graines sur les fruits et légumes de la production précédente. Il est préférable de cueillir les fruits avant les gelées, ils auront ainsi pu s’adapter à tout type de météo de l’été à l’automne et seront plus résistants.

Pour récolter les graines de tomate, on récupère les graines avec la pulpe de la tomate, on les laisse fermenter 6 à 24 heures dans un saladier (il est important de bien surveiller que de la moisissure n’apparaisse pas), puis on rince et laisse sécher les graines dans une passoire. Les graines peuvent être conservées dans une enveloppe au sec.

Comment faire ses semis ? Avant de semer, bien répartir et tasser le terreau dans la jardinière, puis mettre les graines. Ces dernières ont besoin de chaleur et de lumière pour germer. Les jardinières sont posées sur un tas de fumier (température de 70°C) sous serre. Cette technique dite de la couche chaude est très ancienne. Si on n’a pas la possibilité d’avoir une serre ou de faire une couche chaude, on peut mettre les semis à côté d’une fenêtre pendant les heures froides, mais les placer à l’extérieur la journée si le temps le permet.

Laisser germer, puis mettre les plants en terre, mais pas sous serre ! Les plantes ont besoin d’un contact direct avec UV du soleil pour se développer pleinement, ce sont les feuilles qui captent le soleil est non les fruits. Pascal Poot n’arrose presque pas, car il est difficile d’accéder à l’eau sur ses terres, mais si on a un minimum accès à l’eau, il faudrait faire un bon arrosage dans une rigole au moins une à deux fois par mois.

Cela fait plus de 20 ans que Pascal Poot vend les semences qu’il produit. Vous pouvez en acheter sur place (Lodève) ou via son site internet. Pascal Poot et son équipe propose aussi des stages pour se former à cette méthode. De nombreux, chercheurs, maraîchers, médecins et citoyens y ont déjà participé. Pourquoi pas vous ?

*semences sélectionnées et génétiquement modifiées par le GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semanciers) organisation créée sous le Régime de Vichy.

Sarah PERDREAU

Vous pouvez aussi lire notre article sur Kokopelli, un autre gardien de graines anciennes :

http://greenouille.fr/kokopelli-gardien-de-graines/

Sources :

https://vimeo.com/189202431

https://www.lepotagerdesante.com/