Construire responsable – Les grandes lignes…

Être responsable quand on parle d’habitat n’est pas une mince affaire ! Il faut repenser beaucoup de choses depuis la conception jusqu’à l’utilisation finale.

 

construire responsable

Aujourd’hui, on constate que nos habitats sont très polluants. Nos façons de construire produisent beaucoup d’énergie grise (production, transport, recyclage des matériaux). Ce que l’on trouve dans nos maisons est souvent nocif pour notre santé et l’environnement qu’il s’agisse des revêtements choisis (peintures, moquettes, etc.), de nos meubles ou de la décoration (colles, tissus traités, etc.). Suzanne Déoux fait un constat sans appel.

Pour Mariano Dellantonio et Pascal Vinette, spécialistes en éco-construction, un habitat responsable respecte le vivant, c’est à dire l’humain mais aussi le sous-sol, le sol, l’air… « le bon matériau, au bon endroit, dans la bonne quantité ».

Se poser les bonnes questions

Tous les architectes que j’ai rencontrés sont d’accord sur le fait que le premier pas est de repenser notre façon d’habiter, dès la conception. Que faisons nous dans chacune des pièces ? Comment mangeons-nous ? Quels espaces de détente ? Quel est notre lien à la nature ? La maison responsable est plus compacte, les rangements sont mieux intégrés, la cuisine devient un vrai laboratoire avec germoirs et garde-manger pour nos conserves. La salle de bain devient un espace de détente, de méditation mais aussi une pharmacie alternative où ranger nos herbes, nos huiles essentielles ou autres potions. Les frontières intérieur/extérieur bougent, surtout pour nous, dans le sud de la France grâce aux températures douces et à l’ensoleillement. Étienne Renault de Pro Natura me donne l’exemple d’une pièce à vivre de petite taille avec de grandes baies vitrées, donnant sur une grande terrasse. Avec une bonne orientation, c’est autant de mètres carrés habitables en plus à partir de mars/avril pour beaucoup moins cher ! La maison responsable est modulable et s’adapte à la génération « tanguy », ou à la reconnexion avec nos anciens.

Des maisons qui nous ressemblent !

L’architecture bioclimatique est l’art de tirer le meilleur parti d’un site et de son environnement. Les arbres de votre terrain peuvent vous apporter du bien-être juste en les voyant de l’intérieur. Ils peuvent aussi vous protéger du vent, du froid et de la chaleur. Avec une maison bien orientée, l’ensoleillement peut être suffisant comme source de chauffage et d’éclairage (poêle à bois d’appoint pour les frileux). On privilégie le vitrage au sud pour laisser entrer le soleil en hiver avec un système d’ombrage pour préserver la fraîcheur l’été. Avec des systèmes comme les murs Trombe ou autres chauffages solaires, une maison bien conçue reste à bonne température toute l’année. Citons également le puits canadien ou provençal qui permet une récupération des calories du sol l’hiver et une climatisation naturelle l’été. Günter Lang spécialiste autrichien de la maison passive dit que « chauffer n’est rien d’autre qu’une adaptation constante aux erreurs de construction ».

Construire, c’est comme se nourrir : c’est mieux si c’est local et naturel

L’offre de matériaux bio-sourcés est globalement bien organisée aujourd’hui. Si possible, privilégions le bois (Douglas et Mélèze dans les parages) et les pierres naturelles et locales (de Vers, de Lens, de Tavel…). L’important c’est d’utiliser les ressources qui s’adaptent durablement et efficacement à notre climat. Pour l’isolation, il faut choisir un matériau qui aura une bonne performance. Économiser en chauffage c’est déjà ne pas perdre de calories avec des murs qui laissent la chaleur s’échapper. La paille, le chanvre ou la ouate de cellulose fonctionnent très bien.

Pour le budget, sortons de nos fausses croyances

Je retiens de mes rencontres que la construction responsable n’est pas forcément plus chère que la construction conventionnelle. Les artisans adaptent le projet à nos moyens et cherchent des solutions sur mesure. À partir de 1 300 €/ m², sachant qu’en 2014 le traditionnel tournait autour de 1 600 € le m².

Pour tout renseignement sur votre habitat écologique, contacter Le Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement du Gard (CAUE) au 04 66 36 10 60.

Pascal Vinette, sa plus belle « éco-réalisation »

En 2010, Pascal a été maître d’œuvre pour une maison neuve éco-responsable à Saint Bonnet du Gard. Pour le gros œuvre, son client et lui ont opté pour de la pierre de Vers (20 cm) avec une isolation par l’extérieur en paille de riz de Camargue (35 cm) ce qui a valu à cette maison un diagnostique thermique A+++ (20/30 KW au m²). Un poêle à bois sert à chauffer le plancher en bois et l’eau. La maison est rectangulaire ce qui limite les déperditions de chaleur. Les cloisons sont en ouate de cellulose, issue du recyclage du papier. C’est un matériau plus dense, plus sain et qui amène plus d’inertie (il stocke de la chaleur et la diffuse progressivement). Les peintures intérieures et extérieures sont naturelles. La maison dispose d’un système d’assainissement par phytoépuration. Les eaux usées sont recyclées et retraitées par les plantes d’un bassin périphérique. Le système de toilettes sèches Écodoméo permet de composter le résiduel. Une piscine naturelle donne à cet endroit un air de magazine tendance !

Ce projet a été possible car le propriétaire, le maître d’œuvre et les entreprises sous-traitantes se sont tous impliqués. « Nous étions tous du coin et nous avons collaboré vers le même objectif depuis le départ ». Le tout pour 1 461 € au m2.

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Nos anciens racontent

Il n’y avait pas de camions à l’époque donc on utilisait les matériaux locaux. On prenait de l’argile des champs, on ajoutait de la paille et c’était les animaux de la ferme qui remuaient tout ça. Les matériaux vivaient et vibraient avec d’autres éléments comme les animaux, l’air, l’eau de pluie…

Les Tiny houses

Ce concept de mini-maisons nous vient des USA. Avec la crise de 2008, beaucoup de gens ont souhaité vivre plus simplement, avec moins de crédit, moins de frais, moins de matériel… En France, le concept se développe depuis quelques années. Le principe est simple : petites maisons mobiles naturelles et écologiques, sur remorques, avec tout le confort nécessaire (chambre en mezzanine, cuisine, salle de bain, chauffage, rangements…) le tout sur une vingtaine de m². Moins de surface, c’est moins d’impôts et taxes liés à l’habitat. C’est également moins d’investissement de départ et moins de frais d’entretien et de réparations. Idéal pour un mode vie nomade, pour ses extensions, ou pour louer en chambre d’hôtes. Étienne Renault de Pro Natura développe un modèle dans ses ateliers de La Calmette tout près de Nîmes. Il souhaite avoir un kit prêt à monter d’ici 2017. En attendant il propose des Tiny prêtes à vivre entre 30 000 € et 40 000 €.

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Julie Claverie

Un grand Merci à Mariano Dellantonio (Easygreen), Pascal Vinette (Arvi Architecture), Étienne Renault (Pro Natura), Cédric Hamelin et Brice Thoulouze.

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