Parentalité… au naturel

Dans mes cercles d’amis, j’entends souvent les femmes dire que c’est pendant leur grossesse qu’elles ont commencé à se poser des questions. Que donner à manger à leurs enfants ? Comment les protéger des produits nocifs ? Les vêtementsles jouets, les lingettes et autres produits d’hygiène sont-ils sans danger… ? Pourtant, bon nombre de jeunes parents ont du mal à passer le cap de l’éco-responsabilité. Peur de ne pas avoir le temps, l’énergie ou le talent. Peur que les produits écolos fonctionnent moins bien… Alors j’ai réuni quelques témoignages pour encourager les familles à transformer facilement certaines habitudes.

Il est important de préparer l’arrivée d’un enfant dès le début de la grossesse. Si la maman ne mange pas encore bio, local et de saison, c’est une bonne occasion de s’y mettre car ce qu’elle ingère sera naturellement transmis au bébé, alors mieux vaut limiter les pesticides ou tout autres substances chimiques qui pourraient altérer le bon développement de l’enfant. Décoration de la chambre, jardinage, produits de beauté, il faudra prendre l’habitude de regarder la composition de ce que vous utilisez. Le cas de Théo, largement médiatisé aujourd’hui, dont la maman avait utilisé du glyphosate dans son jardin lors de sa grossesse, montre les dégâts qu’un foetus peut subir !

 

Marie, jeune maman de 2 garçons s’est intéressée à l’écologie il y a 8 ans, lors de sa première grossesse. C’est le scandale autour du bisphénol A qui lui a mis la puce à l’oreille. Elle délaisse d’abord ses crèmes de le beauté, pleines de substances nocives pour sa santé et l’environnement et, petit à petit, tout est passé en revue. Elle se découvre une « âme d’écolo » qui ravie son portefeuille car l’achat d’occasion devient une vraie manie. À la naissance d’Arthur, son premier fils, elle choisit l’allaitement. Elle plaisante à ce sujet en me faisant remarquer que sa poitrine était un vrai garde-manger ambulant, prodiguant ce dont son bout de choux avait besoin à tout moment !

Elle essaie les couches lavables les premières semaines mais son fils ayant une morphologie plutôt fine, les couches s’adaptaient mal. Après des recherches sur la toile, elle opte pour des couches jetables biodégradables, pour 8 cts de plus par pièce que des couches classiques. Elle avoue que certaines choses sont plus contraignantes mais le jeu en vaut la chandelle. Non seulement, elle fait un geste pour l’environnement mais elle voit aussi les choses dans leur globalité, transmettant un vrai sens de la vie à ses enfants.

Elle me raconte qu’elle leur explique d’où vient ce qu’ils mangent, s’ils veulent des nuggets, elle achète un poulet chez un producteur du coin pour que ses garçons comprennent qu’ils font parti d’un système plus large que leur simple existence. Pour elle, tout ce que l’on fait à une incidence, pas de politique de l’autruche. Quand je lui demande les aspects « fun » de son mode de vie, elle me parle des ballades qu’ils font en famille, des « bidules » qu’ils fabriquent ensemble en alliant glanage et récup’. Pour les décoration de Noël, ils font des personnages en argiles, des formes en tissus et peinture, et comme les vêtements sont d’occasion, les garçons ont une grande liberté. « Finalement, à quoi , servent les vêtements ? Mes enfants peuvent laisser libre court à leur créativité, se salir, bouger comme ils veulent, sans que j’angoisse qu’ils trouent leur pantalon, car je ne l’ai payé que 1 ou 2€. Si je mettais beaucoup d’argent dans les vêtements, ils auraient beaucoup moins de liberté ou je deviendrais sûrement une mère plus autoritaire » affirme-elle. Une de ses petites fiertés est que Léo, 6 ans, soit rentré un soir du centre aéré tout content car il avait gagné un jeu où il fallait trouver le nom d’un panel de légumes, c’était pourtant le plus jeune des enfants.

Ce n’est pas toujours facile, il faut parfois se battre pour être fidèle à ses valeurs. Oser offrir des jouets d’occasion à ses enfants à Noël a entrainé un regard lourd de la part de sa famille. « J’avais beau expliquer à mes proches ma démarche, rien à faire, ils jugeaient que c’était un manque d’argent, une situation subit » me livre-t-elle. Le plus important pour elle c’est de faire simple, de sortir de la surconsommation et de ne pas se mettre la pression. Elle termine notre entretien en disant qu’elle fait souvent plusieurs essais, mais que surtout, elle fait des choix pour que sa vie ne soit pas trop contraignante. Si elle a le temps de faire des biscuits pour le goûter de ses enfants tant mieux, sinon, du pain et de la confiture font l’affaire. Elle ne cherche pas à être parfaite mais sa conviction profonde est que les jeunes parents doivent éduquer leur enfants différemment, leur transmettre que l’humain doit se remettre en lien avec la nature pour que leur protection mutuelle soit pérenne.

 

Carole est maman de la petite Pénélope, 8 ans. Un jour, nous discutions toutes les deux devant le square de la Bouquerie. Pénélope jouait quand elle a couru vers nous en disant « Maman, j’ai eu une super idée ! Ils n’ont qu’à mettre des pommiers à la place des marronniers, comme ça les gens pourront avoir des pommes gratuites et les cueillir eux-même ! ».

Peut-être un jour petite chérie… Il faut dire que Pénéloppe a été sensibilisée à l’écologie depuis son plus jeune âge. Carole vient d’une famille d’agriculteurs, son lien à la terre est resté constant et motive ses gestes au quotidien. Quand elle est tombée enceinte, une amie l’a guidé pour coudre elle même ses couches lavables. Le livre Le grand Ménage de Raffa, éditions Soliflor et Thomas-Molls, était déjà sa petite bible, lui inspirant des recettes de produits ménagers. C’est sur le blog de l’auteur qu’elle trouve le patron. À l’extérieur, elle utilise du pul (tissu souple imperméable). Pour l’intérieur, c’est un tissu éponge en bambou bio. Elle laisse une ouverture sur le devant pour glisser les inserts en micro fibre qu’elle fabrique à la chaîne. Enfin, une dernière couche de protection biodégradable permet de jeter les grosses commissions de bébé aux toilettes. Pas de problème particulier de fuites, ni d’odeurs ou de poubelles encombrées et pour le lavage, en machine avec le reste des vêtements de la famille. « Les gens ont beaucoup d’à priori à ce sujet, mais lessives et températures se chargent de détruire les bactéries. Et puis on peut toujours ajouter des huiles essentielles ou du vinaigre blanc pour bien désinfecter » ajoute-t-elle. Pour la toilette, elle utilisait du liniment, mélange d’eau de chaux et d’huile végétale.

Comme Marie, Carole souhaite éduquer sa fille à une forme de sobriété, ne pas toujours courir après la surconsommation. Pendant la petite enfance de sa fille, elle lui achetait des jouets en magasin bio, en bois, made in France.. mais aussi dans des boutiques d’occasion. Pour l’école, inutile de racheter un cartable à chaque rentrée. Cette année elle pousse même jusqu’à réutiliser le cahier de texte de l’an dernier. « Prolonger la durée de vie de nos objets devient même un jeu pour Pénélope, elle assume parfois beaucoup plus que moi » me confie-t-elle en riant. Pour les cadeaux, elle privilégie l’immatériel comme les concerts ou autres moments de partage. La prochaine étape sera de parler à sa fille des protections hygiéniques lavables quand le moment sera venu.

Bébé plus près, bébé rassuré..

Yaël a impulsé la création de l’association Mamayaya dont le but est d’aider les jeunes parents grâce à des ateliers de portage, de communication parents-enfants ou encore des ateliers de signes pour écouter son enfant avant qu’il ne sache parler. Pour elle, lors de la phase de maternage (la première année de l’enfant), il est très important que le nourrisson soit en contact physiquement avec les parents. Le portage consiste à caler son enfant contre soi grâce à un genre de grande écharpe que l’on peut nouer de différente façon. C’est une très bonne manière pour qu’il soit rassuré, car il faut bien admettre que quitter le ventre de maman et son liquide amniotique pour un environnement aérien a de quoi effrayer. C’est aussi très pratique pour les parents car le portage est un vrai kit mains libres.

Yaël a suivi une formation de naturopathe, selon laquelle la maladie est un moyen pour le corps de se nettoyer. Les enfants ont généralement une grande force vitale, quand ils ont de petits maux, rien de mieux que du repos, manger plus léger, et utiliser des plantes comme le thym ou le romarin. « Les lavements intestinaux ont aujourd’hui été délaissés au profit des médicaments. C’est dommage car vider le système digestif aide le corps à se nettoyer » ajoute-t-elle.

Coté éducation, Yaël préconise d’accompagner les enfants dans leurs émotions selon les principes de la communication non violente, dont la base est de savoir exprimer ses besoins et recevoir ceux des autres. Ce n’est pas facile de devenir parents et il n’y a pas d’école pour cela. Les relations avec l’enfant peuvent faire remonter des blessures, entrainant des émotions difficiles à gérer. Yaël a un regard bienveillant sur ses situations « si on s’emporte, on peut toujours s’excuser, dire à l’enfant ce qu’on ressent. Être honnête et transparent peut adoucir les tensions » conseille-t-elle.

Dans un prochain numéro de Greenouille, je vous parlerai de la naissance au naturel selon Michel Odent, obstétricien de renommé qui a lancé le concept d’accouchement en salles de naissance « comme à la maison ». En attendant, je remercie toutes ses mamans qui ont témoigné pour nous, les papas aussi même s’ils sont restés discrets.

Julie Claverie

Le concept du continuum, Jean Liedloff

Les livres de de Adèle Faber et Elaine Mazlish

Les livres de Isabelle Filliozat

www.lalecheleague.fr

www.mamayaya.org

www.raffa.grandmenage.info

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