Habitat participatif – Vivre ensemble autrement

Face aux enjeux du monde de demain, de nombreuses initiatives se développent et nous mettent du baume au cœur ! Des lieux de vie écologiques où il fait bon vivre ensemble germent aux quatre coins de la France.

Indigné par le monde dans lequel nous évoluons, Pierre Rabhi, agro-écologiste et philosophe, lance en 1995 le projet « Oasis en tous lieux » devenu aujourd’hui « Oasis, un nouveau mode de vie ». Pour mettre sur la touche notre société « hors sol » qui pille sans relâche les ressources naturelles, les Oasis ont pour objectif de créer des lieux de vie et de partage afin de recréer du lien social et nous permettre de se reconnecter à la terre.

C’est en comptant sur le soutien des Colibris1 (mouvement crée en 2007) et des acteurs locaux et impliqués, que les Oasis émergent un peu partout pour créer un nouveau mode de vie, plus respectueux de l’humain et de l’environnement.

Aujourd’hui, on compte déjà plus de 100 lieux en France qui répondent à ces valeurs, dans des villages, des quartiers, des rues et même des immeubles.

Un projet en cours dans la Drôme

Pas loin de chez nous, à Dieulefit, le projet d’habitat participatif Écoravie est en marche. Animés par l’envie de concrétiser leurs idéologies de vivre ensemble, les Écoravissants2 ont pour ambition de réaliser un lieu de vie où partage, écologie et solidarité seront au cœur de leur quotidien. À venir, 3 bâtiments de 5 à 6 logements et une maison commune selon les normes de « maison à énergie positive ».

Leur projet a été repéré par le réseau Colibris comme projet-pilote de « graine d’Oasis ». Ils reçoivent depuis leur soutien pour la communication, le montage juridique etc. Écoravie est une SCI sur le point de devenir une SAS Coopérative.

habitat participatif

Vers un nouveau mode de vie

« Il n’y a pas de meilleur antidépresseur que l’habitat participatif » déclare Stefan Singer, directeur général de l’Hab-Fab3, accompagnateur de projet dans ce domaine. Recréer du lien social, tisser des liens de confiance, de partage, de solidarité, de bienveillance… l’habitat participatif est un moyen pour changer le fonctionnement de notre société actuelle. On y mutualise des espaces, comme un potager, une buanderie, une chambre d’amis…

On partage aussi des ressources : apprendre et transmettre font parti des piliers de ce mode de vie. « On m’aide pour utiliser internet, et en retour je peux garder des enfants par exemple » nous confie Claire une Écoravissante de 76 ans. L’habitat participatif permet aussi de vivre et de vieillir autrement. « Je trouve génial à mon âge d’avoir un projet pareil, entourée de jeunes avec des valeurs qui me sont chères » déclare Claire.

Une gouvernance partagée

L’humain étant au cœur du projet, le groupe a développé une pratique efficace de gouvernance collective. Il n’y a pas de chef de projet, mais chacun prend cette responsabilité à tour de rôle. Tout le monde participe aux prises de décision, c’est un objectif essentiel, et une personne égale une voix. « Nous sommes tous formés à la Communication Non Violente, et l’Université du Nous4 nous apporte des outils concrets pour mener une élection sans candidat ou pour avoir une gestion par consentement, nous rapporte Raffu un autre Écoravissant, c’est à dire qu’une décision est prise uniquement lorsque tout le monde est d’accord ». Les objections sont alors reçues comme des cadeaux pour avancer dans ce genre de démarche. « On évolue tous dans ce projet : certaines personnes gagnent en confiance, alors que d’autres apprennent à se mettre en retrait pour laisser de la place à tout le monde » selon Claire. Cette manière de coopérer ou de cogérer nous révèle qu’une intelligence collective est possible.

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Un financement participatif

Cela nécessite quand même des moyens mais le coût est globalement inférieur puisqu’il n’y a pas de commercialisation ni de promoteurs. L’Hab Fab propose alors son soutien auprès des banques, pour apporter plus de sécurité au projet. Pourtant, les Écoravissants ont fait le choix de ne pas être suivi et ont favorisé la solidarité au sein même des porteurs du projet en participant chacun à leur mesure. Le coût global du projet s’élève à 3,2 M€ pour 1400 m2 de surfaces de logements habitables. Les plus fortunés prêtent alors main forte à ceux qui ont des petits moyens, et participent tous entre 10 000 € et 230 000 € sans rapport avec la surface de logement qu’ils occuperont. Ils ont également recours à des financements extérieurs, venants de toutes personnes qui souhaitent donner du sens à leur argent en soutenant ce genre d’initiative. Une démarche qui fait preuve « d’un sacré courage, mais il faut des gens comme ça, qui osent » nous confie Stefan Singer. « Le monde de demain se construit aujourd’hui ».

Virginie Mazet

1- www.colibris-lemouvement.org/oasis 2 – www.ecoravie.org 3 – www.hab-fab.com 4 – www.universite-du-nous.org

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