Quand les consommateurs et les producteurs s’organisent

Il y a quelques mois, je vous parlais de locavorisme (Greenouille N°1), l’art de manger local, bio ou raisonné et de saison. Voici deux illustrations, l’une portée par les consommateurs, l’autre par les producteurs.

Vous souhaitez prendre soin de votre santé avec des produits de qualité, soutenir l’économie locale et les petits producteurs, favoriser les circuits courts et les achats en direct, sortir de la grande distribution… Les groupements d’achats ou les boutiques de producteurs répondent à vos attentes !

Groupements d’achats

Un groupement d’achat, ce sont des consommateurs qui se regroupent pour acheter ensemble et en direct, généralement auprès de petits producteurs locaux. Voici deux modèles inspirés et inspirants.

AGAPES, Achats Groupés et Approvisionnements de Proximité pour une Économie Solidaire, fait parti de l’association Solidarités Citoyennes à Marguerittes. Toutes les quinzaines, une vingtaine de personnes viennent chercher pain, œufs, fromages, viande et autres produits de consommation courante. Pour les cosmétiques, les produits d’entretien, les produits secs ou le miel, les commandes sont plus espacées. Chaque Agapien contacte directement le producteur qui vient livrer s’il n’est pas trop loin.

producteurs gardois

Une dizaine de consom’acteurs ont initié ce groupement il y a trois ans, partageant la volonté de soutenir les producteurs locaux et bio (ou presque) mais aussi d’aider les gens avec peu de moyens.

Dominique, trésorier de l’association, apprécie de faire des efforts pour le groupe, « je sors de l’individuel pour aller vers le collectif ». Pour Muriel, Agapienne avertie, c’est un moyen de soutenir la vie rurale dans son pays et Josette et Guy trouvent qu’à qualité égale, c’est moins cher qu’en grande surface !

GASE, Groupement d’Achat Solidaire et Écologique, est un collectif nîmois de consommateurs créé il y a 5 ans par quelques amis militants souhaitant se passer des supermarchés. Dès la première réunion, une charte est rédigée autour de 3 axes : proximité, qualité des produits et soutien aux producteurs qui démarrent ou de petite taille. L’implication de chacun est importante, sur 80 Gasiers, 25 sont référents. Un référent est responsable d’un ou plusieurs produits. Il envoie les informations par mail et centralise les commandes. Une grosse distribution est organisée tous les mois suite à laquelle une réunion permet de prendre les décisions par consensus. Pour les produits comme le pain et le fromage, les distributions sont plus fréquentes. Mireille, membre depuis 2 ans, y trouve une réelle écoute et une sagesse assez exceptionnelle. Michel a été membre d’une Amap1 pendant longtemps, il me confie que manger bio et local a changé sa vie. Son fils était malade en permanence mais grâce à une alimentation saine, il a pu arrêter tous les traitements. Le groupement convient mieux à Michel aujourd’hui, car ses enfants sont grands et il aime la liberté de choix des produits et des quantités.

Bien d’autres groupements existent dans le Gard. La Saladelle à Vauvert loue un petit local à l’association Alter’éco 30 ouvert les mercredis soir et samedis matin2, les adhérents cotisent 20 € pour le fonctionnement du lieu et s’engagent à donner 10h de leur temps par an. Dans cette association « les entrées financières sont investies dans l’expérimentation et la mise en place de nouveaux outils de l’autonomie ». Les membres du GALOP à Caveirac cherchent surtout du lien social et des prix justes de façon à ne pas étrangler le producteur ou le consommateur. Les réunions se font autour d’un repas une fois par mois où on échange des recettes de cuisine et surtout de bons moments…

Magasins de producteurs

Lo Païs en Ville regroupe 15 producteurs et fait parti des Boutiques Paysannes. Ce réseau, fondé par des producteurs gardois il y a 11 ans, garantit transparence sur le mode de production et de transformation des produits. L’achat revente y est interdit et ce sont les producteurs qui se relaient pour les permanences de la boutique. On y trouve fruits, légumes, œufs (bio à 2,58 € les 6), pain (à partir de 5 € le kg), fromage, yaourts, viande (poulet, porc et taureau), miel, jus de fruits, conserves et autres produits transformés, cosmétiques au lait d’ânesse, fruits de mer…

producteurs gardois

Si tous les produits ne sont pas labellisés bio, les producteurs sont dans une démarche responsable. Ils souhaitent lutter contre le gaspillage avec par exemple la mise en place de consignes en verre pour les yaourts. Après 2 ans d’existence, Lo Païs a une clientèle fidèle, rassurée sur l’origine et la qualité des aliments. Mais ce n’est pas suffisant, beaucoup de gens pensent encore que ce genre de boutiques est trop cher pour eux et ils ont besoin de toucher plus de monde.

Lionel, producteur de châtaignes bio lozérien, a choisi la boutique paysanne car c’est une bonne façon de vendre toute l’année. Il sent un réel soutien du collectif et apprécie le contact avec les clients quand il est de permanence. « C’est un moyen de renouer du lien, de parler de nos métiers aux clients. On se reconnecte à des valeurs essentielles que nos grands-parents et parents connaissaient bien ».

À Congénies, L’Ilôt Paysan est quant à lui un magasin de producteurs 100 % bio, AB ou Nature et Progrès. Au départ, il y a 5 ans, ce sont 4 amis terminant leurs études d’agriculture qui ont cherché à vendre en direct pour ne pas subir la tyrannie des marchés de gros. Ils créent une association où ils sont cogestionnaires et prennent les décisions par consensus. Aujourd’hui, L’Îlot Payson compte 14 producteurs. Vous y trouverez les produits alimentaires courants mais aussi du poisson, des plantes médicinales et des fleurs comestibles. Les producteurs ont plusieurs circuits de vente directe comme les groupements d’achat, La Ruche Qui Dit Oui ou les marchés. Jean François, producteur de fromages de chèvre et autres produits laitiers arrive à vivre de son métier, « pas d’intermédiaire, ça veut dire des productions à taille humaine, moins de travail pour des prix plus bas pour le consommateur ». Il s’est reconverti à l’élevage il y 5 ans, après une carrière dans la banque et se sent beaucoup mieux dans sa vie, en accord avec ses convictions personnelles.

Pour créer son groupement

  • Former un groupe de départ
  • Clarifier le but du groupement
  • Clarifier le fonctionnement (commandes, livraisons, prises de décisions…)
  • Chercher des producteurs et les contacter (par exemple sur http://www.defermeenferme.com et http://biogard.fr)
  • Fixer la première date de distribution

Natura Vaunage 28 et 29 mai 2016 à Aubais

L’association Abeille & Biodiversité organise la 6è édition de ce salon consacré aux alternatives locales. Marché de producteurs locaux, ateliers, conférences…

Le Gase et le Galop y tiendront un stand pour répondre à vos questions et favoriser la création de nouveaux groupements d’achats.

www.abeille-biodiversite.com

Julie Claverie

1- Association pour le Maintien d’une Agriculture paysanne 2- www.altereco30.com

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