L’instinct de renaître

LES DEBUTS DE FREDERIQUE ORTIZ / PRODUCTRICE DE LEGUMES ET FLEURS BIO / AU MAS COULET A AUZON COMMUNE D ALLEGRE LES FUMADES

LES DEBUTS DE FREDERIQUE ORTIZ / PRODUCTRICE DE LEGUMES ET FLEURS BIO / AU MAS COULET A AUZON COMMUNE D ALLEGRE LES FUMADES

Sur la route de l’Ardèche, au Nord-Est du Gard, une quinquagénaire se lance dans l’agriculture biologique et la vente directe. Elle nous raconte son aventure.

On pourrait appeler ça une reconversion. Mais Frédérique Ortiz préférera vous parler de renaissance. à Auzon, entre Barjac et Alès (Gard), cette souriante quinquagénaire a fait le choix il y a tout juste un an d’abandonner son ancien travail salarié de fleuriste pour se reconvertir dans l’agriculture bio. Un choix pas complètement dû au hasard : « Je suis fille d’agriculteur. Je suis née ici, au Mas Coulet, et j’ai beaucoup aidé mon père à travailler les terres quand j’étais petite. C’est quelque chose qui est toujours resté en moi. Je savais qu’un jour je cultiverais mes terres. »

Alors qu’elle travaillait dans l’insertion, Frédérique rencontre, il y a quelques années, l’horticulteur Robert Sauvagnargues. « C’est lui qui m’a donné la passion. Il crééait des jardins comme personne et expliquait comment cultiver les plantes. »

L’an dernier, elle a donc plaqué son ancien travail, récupéré à son frère un hectare de terres non utilisées depuis plusieurs dizaines d’années, et travaillé extrêmement dur, par tous les temps, tout en se plongeant dans la paperasserie administrative nécessaire pour lancer son affaire. Puis elle a ouvert un stand, qu’elle tient à l’année,
au bord de la route. Il s’agit d’une petite guérite en bois où elle vend ses produits fraîchement ramassés et qui porte le doux nom « Au potager d’antan ».

Dès sa première année, Frédérique Ortiz a réussi le tour de force d’obtenir la certification bio écocert. « Les examinateurs ont vu la terre en friche, ont regardé comment je travaillais. Ils m’ont dit qu’ils reviendraient plus tard. Je ne sais pas s’ils sont vraiment passés, mais il y a des clients qui m’ont posé beaucoup de questions… C’était peut-être des examinateurs anonymes. »

Tout est ici cultivé sans pesticide, à partir de graines bio. Salades, patates, fraisiers, « tout ce qu’on trouve dans un potager », résume Frédérique. La Gardoise a la main verte, mais reconnaît aussi qu’elle réapprend : « les courgettes, je les ai ratées, peste-t-elle. Pourtant, il n’y a rien de plus facile. » Frédérique fait aussi pousser des fleurs, qu’elle vend en bouquets : roses, pensées bourraches, thym…

L’agricultrice pratique la rotation des terres. Elle explique qu’il s’agit d’alterner par exemple sur une parcelle la culture des solanacées (poivron, tomate, pomme de terre), des légumes fixant l’azote dans la terre (comme le haricot vert) et des légumes gourmands en azote (salade, etc…). Elle favorise aussi « les plantes qui vivent en symbiose, comme la tagète qui protège les rosacées des pucerons. à la place des pesticides, j’utilise par exemple de la bouillie de menthe ou du savon noir. »

Si vous ne trouvez pas à son stand Frédérique Ortiz, une pancarte vous dit où la trouver. Il y est écrit « Criez, je suis au potager ». Elle arrivera alors dans les deux minutes et pourra vous vendre, selon les saisons, des poireaux, des patates, des melons ou ses fameuses « tomates des amoureux ».

Elle s’est donnée deux ans pour arriver à gagner sa vie grâce à ce qu’elle produit. Elle le dit elle-même, sa reconversion est « un peu une folie. Mais que voulez-vous c’est comme ça. Pour moi, c’est l’instinct de renaître. »

Adrien Boudet

Au Potager d’antan, au Mas Coulet, sur la D16 à Auzon.
Tél. 06 72 19 03 52

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