En quête de changement avec Marc de la Ménardière

Quand deux amis d’enfance que tout oppose se retrouvent, jaillit alors une étincelle qui nous offre un film éclairé sur le devenir du monde, « En Quête de Sens ». Rencontre avec Marc de la Ménardière, l’un des réalisateurs.

EQDS_illustrazione_fondo01 - Marc de la Ménardière

Business developer à New York pour une multinationale, Marc vend de l’eau comme un produit de luxe et vit le rêve américain. La visite de Nathanaël, son ami d’enfance, venant de réaliser un documentaire alarmant sur la marchandisation de l’eau, amène Marc à une remise en question par rapport à son mode de vie, face à l’état des lieux écologique et social. Sa vie va alors basculer…
Un « road-trip » qui devient un « road-movie »

Marc : Je me suis dit « je fais partie du problème, où est la solution ? ». Je ne la connaissais pas. Je me disais qu’on devait être nombreux à se poser ces questions. J’ai alors tout quitté de ma vie new-yorkaise et on est parti autour du monde avec Nathanaël pour trouver un sens à tout ça. Finalement, ça a plus été une forme de voyage initiatique sur le vivant et le sens de la vie à travers différentes rencontres. Une autre vision du monde a émergé de cette aventure, qu’il me semblait intéressante de partager. On a passé quatre ans à en faire un film, pour partager toutes ces idées. Sortir du documentaire anxiogène pour faire quelque chose de plus inspirant qui donne envie d’agir et de se reconnecter à soi, à la nature et de parler à son voisin.

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent s’engager dans une transition ?

Marc : On vit dans une société industrielle, où on formate les enfants pour y vivre et du coup personne ne se connait. Se demander quel est son plus grand rêve, quelles sont ses valeurs ? Il est important de se reconnecter à ça. Puis aller regarder en soi toutes ses blessures, toutes les choses qui nous empêchent d’être intègre. Quand on commence cette démarche, j’ai l’impression que la sagesse remonte. Avant de vouloir changer le monde, de faire des grandes choses, il faut déjà essayer d’être plus cohérent dans son attitude, dans son rapport aux autres. Essayer de lire des choses inspirées et inspirantes (1) qui ne nourrissent pas seulement l’esprit mais l’âme. Muscler un peu l’âme. C’est important.

Quel est, selon toi, le plus gros problème de notre société ?

Marc : Pour moi c’est la crise écologique et l’inégale répartition des richesses qui créent de la violence, et c’est en train de détruire les conditions de la vie sur terre. Si la conscience humaine ne s’élève pas, tous les outils que l’on crée se retournent de plus en plus contre nous. Si on arrive à collaborer avec la nature, on peut altérer cette violence. Grâce à Marianne Sébastien (2), on a pu voir pendant notre voyage que les auteurs de violence peuvent changer grâce au développement personnel et à l’amour.

Qu’est-ce qui a changé dans ton quotidien ?

Marc : Je réfléchis plus à mon mode de consommation, c’est à dire plus de bio, plus de local, moins de viande, plus d’éthique pour les habits, je veille à ce qu’ils soient faits dans de bonnes conditions ou qu’ils soient d’occasion. Pour me déplacer je prends le skate, j’habite tout en haut d’une colline, donc je prends souvent le bus pour remonter chez moi (rire).

OLYMPUS DIGITAL CAMERA - Marc de la Ménardière

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Il y a un vrai besoin de ralentir. Aujourd’hui c’est assez compliqué en ville. Le capitalisme a détruit beaucoup de liens qui existaient entre les gens, pour les remplacer par des services marchands. Il me semble important de se rassembler entres familles pour se rendre des services, être au maximum autonome et accepter de vivre dans la sobriété heureuse et la frugalité (3). Mais c’est tout un travail, aujourd’hui, il y a une forme de
criminalisation de l’autonomie.
Il est important d’essayer de faire changer les règles pour que les gens puissent vivre autrement. Il y a un vrai travail de plaidoyer, je pense, à faire là dessus.

Ce film… Un bel exemple de lâcher prise finalement ?

Marc : On n’avait ni les compétences, ni l’argent, ni le talent pour faire ce film, mais on y a mis nos tripes et on s’est laissé inspirer ! On a lâché prise et les bonnes rencontres se sont faites. Des gens se sont greffés au projet : le financement a été participatif via le site TousCoprod, la distribution est portée par des femmes et des hommes engagés localement, idem pour la communication… ça nous a permis d’aller au bout du projet. « Trust is the Key* » !

* »La confiance est la clé ! »

Propos recueillis par Virginie Mazet

Le DVD du film est maintenant disponible sur :
www.enquetedesens-lefilm.com
1 – Entre autre, Satish Kumar et Eckhart Tolle
2 – www.voixlibres.org
3 – Référence à Pierre Rabhi
et à Satish Kumar présents dans le film

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