Des chevaux et des hommes

Que fais-tu avec un cheval au 21e siècle ? Cette question que l’on m’a posée il y a peu pour taquiner la cavalière que je suis méritait bien une petite recherche. Rencontre avec un professionnel, Emmanuel Pedeneau, passionné des chevaux qu’il a ramenés jusque dans la cité.

chevauxQuand des pratiques anciennes deviennent nos solutions d’avenir

C’est dans les vignes à Arpaillargues que l’enquête commence : Emmanuel s’est lancé il y a 3 ans dans la production de Carthagène artisanale et pour travailler la terre c’est vers le cheval qu’il s’est tourné. Pourquoi se priver d’un tracteur confortable ? « C’est physique mais tellement plus agréable d’évoluer sans un bruit. Avec mon cheval, je vis des instants magiques ». Le travail est plus lent mais c’est une démarche durable et respectueuse de l’environnement. « L’amélioration de la terre ne se fait pas attendre : pas de tassement, des sols aérés, une terre plus fine qui respire pour une meilleure nutrition du cep ». La traction animale lui permet de plus de passer là où la mécanisation est difficile. C’est pourquoi d’autres agriculteurs font aujourd’hui appel à ses services.

Il n’y a pas qu’en agriculture que son savoir-faire, acquis aux Haras d’Uzès, est recherché. Il lui arrive régulièrement d’assurer un transport de personnes en voiture hippomobile à l’occasion d’événements privés (mariages…) ou de manifestations publiques (marchés de Noël, animations…) et il répond aujourd’hui au nouveau souhait de certaines collectivités de réhabiliter l’utilisation du cheval dans le service public. C’est ainsi qu’il assure en attelage l’arrosage des plantes et le ramassage du verre pour les restaurants d’Uzès.

L’utilisation du cheval offre une nouvelle conception économique et sociétale

Elle engendre un léger surcoût par rapport aux modes de transport motorisés si on s’en tient à l’aspect financier brut à court terme. La donne est tout autre dès lors que l’on considère l’impact écologique et que l’on mesure la valeur ajoutée en terme de « mieux être ensemble ». Les communes qui ont franchi le pas ont vite fait de constater l’amélioration du cadre de vie. Tout le monde apprécie de ne plus subir l’impact sonore des camions et le cheval favorise un lien social bienveillant. Un échange s’instaure naturellement entre les habitants et Emmanuel qui fait office de porte-parole. « Le cheval a un côté attractif. J’ai de nombreuses occasions d’échange avec les passants et les restaurateurs sur les modalités du tri. On constate d’ailleurs une amélioration du tri sélectif ».

chevauxPas étonnant donc que la FNCT (Fédération Nationale des Chevaux Territoriaux) recense 200 municipalités recourant à la traction animale en 2014, contre une vingtaine en 2008.

À ceux qui considèrent que c’est un retour en arrière, Emmanuel répond « c’est au contraire un grand pas en avant! Le cheval redonne un sens au travail urbain, il remet au cœur de la ville des relations indispensables à la vie en communauté » et de nous parler de son confrère qui assure le transport scolaire des enfants pour une commune voisine et des liens créés : « A t-on déjà vu un enfant caresser un bus ou un passant un camion benne? ».

Virginie Sanfelieu

Info : écuries de Font Clarette
www.ecuriefontclarette.com

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