Côté jardins solidaires à Nîmes, insertion et accompagnement Charlotte Lancoud

Sur la route d’Arles, dans une ruelle sur la droite, on est surpris de découvrir une centaine de parcelles de jardin, gérées par l’association des jardins ouvriers de Nîmes. Tous les matins à 8h30, le président de l’association vient ouvrir la barrière et l’accès à l’eau et referme le passage le soir à 20h30.

Les jardins solidaires

Au milieu de cet îlot de verdure, se trouvent les jardins de l’association Côté jardins solidaires où je retrouve à 9h00 du matin Vincent, le jardinier en chef, salarié en CDI en ¾ temps.

Son parcours est anecdotique. Après une formation initiale en informatique puis en audio-visuel et cinéma, il entretient un potager familial lorsqu’il rencontre Muriel Gavach aux jardins ouvriers sept ans auparavant. Il se découvre une nouvelle passion et de fil en aiguille, il opère un changement de cap.

Je suis émerveillée par la diversité et le foisonnement des plantes, dans un fouillis qui n’est qu’apparent. Chaque plantation trouve son emplacement selon des critères précis s’inspirant des techniques permacoles, dans le but de créer un écosystème en équilibre et de favoriser la biodiversité.

Dans ce potager bio, Vincent n’utilise aucun produit phytosanitaire. En traitement contre le mildiou, une solution liquide appelée « bouillie bordelaise » est utilisée à très faible dose. Contre l’oïdium, appelé aussi mal blanc, qui frappe particulièrement la famille des courges, le souffre s’avère être un fongicide efficace et suffisant ; les insectes, auxiliaires précieux et recherchés, font le reste.

Les graines, d’origine bio, proviennent de chez Germinance et Graines del pais.

L’association produit aussi ses propres graines en poireaux, oignons, salades et propose des plants à la vente aux particuliers, ainsi que le surplus de production du potager.

Ici, pas de buttes de terre mais des parcelles soigneusement binées, désherbées et retournées – nous sommes dans le sud et la terre est aride – de l’arrosage à la main, de l’irrigation par un système de goutte à goutte et du paillage pour garder l’humidité. Beaucoup de fleurs pour attirer les insectes, des plantes aromatiques et des cabanes à oiseaux. Quelques serres pour préparer les semis au printemps.

Mi-juillet, la récolte est abondante – tomates, courgettes, aubergines, pommes de terre, poivrons, concombre, herbes aromatiques, etc – et il y a fort à faire pour cueillir, désherber, arroser, planter pour l’automne ou réparer les installations. Je laisse Vincent donner ses instructions et répartir les différentes tâches de la matinée à chacun des participants présents.

C’est le jour des récoltes et de la distribution. Chaque participant repartira à midi avec son panier de légumes.

L’atelier cuisine

Je rejoins Ananda, responsable de l’atelier cuisine, également salariée en CDI en ¾ temps, qui s’active autour d’un petit groupe d’une dizaine d’enfants en train d’éplucher des légumes. Elle est aidée par Hafida, une maman bénévole du quartier venue avec ses trois enfants. Ils préparent une tortilla de légumes issus de la récolte du potager, une salade de tomates et une crème dessert à base de lait infusé de menthe qu’ils dégusteront sur place pour le déjeuner. Les enfants sont concentrés et s’appliquent tout en discutant.

L’endroit est situé au fond du jardin, dans un cabanon prolongé par une tonnelle ombragée. De grandes tables sont disposées avec des bancs de bois pour l’accueil d’une cinquantaine de personnes, dans une ambiance conviviale.

Outre cet atelier réservé aux enfants du quartier ce jeudi matin, l’association organise chaque mardi midi, sur réservation, une table d’hôtes bio et végétarienne, pour une soixantaine de convives moyennant une participation d’un montant de 13 € pour tous publics, 10 € pour les adhérents et 7 € pour les allocataires du RSA.

En hiver, la table d’hôtes se tient à Nemausus pour une vingtaine de participants.

Ce repas hebdomadaire permet les rencontres et les échanges pour certains. Il tisse un lien social entre habitants et jardiniers et pour d’autres, c’est l’occasion de se créer un réseau de copains. C’est aussi une mise en valeur du travail des jardiniers.

L’association a développé un solide partenariat avec le magasin BioCoop La Marigoule de Nîmes, qui fournit les produits nécessaires à la cuisine, notamment en épicerie. (1)

L’action d’insertion par le jardinage

L’activité de jardinage, encadrée par Vincent aidé de quelques bénévoles du quartier et d’une travailleuse sociale, dans le cadre Action d’Insertion et d’Accompagnement, est proposée à un public d’allocataires du RSA ou des minimas sociaux pendant une durée de 12 mois maximum, pour une dizaine de personnes.

Les objectifs sont variables selon le profil de chacun mais le point commun est de faciliter un parcours d’insertion professionnelle, voire d’insertion sociale.

Il peut s’agir simplement d’être actif et d’être en plein air, de dynamiser sa recherche d’emploi, de sortir de l’isolement dû à la précarité, de se resocialiser par la fréquentation quotidienne d’un groupe, d’acquérir des savoirs être et savoirs faire et de bénéficier de bons légumes.

Respect des horaires, suivi des consignes, organisation dans le travail, régularité de présence tout au long de l’action mais aussi le plaisir de se retrouver en jardinant, d’être écouté, de pouvoir échanger avec d’autres personnes, de trouver aide administrative et soutien face aux diverses difficultés de la vie courante, tout ceci permet de surmonter les difficultés ou de passer un mauvais cap et de repartir sereinement.

Les personnes peuvent venir spontanément, être orientées par des travailleurs sociaux, ou par Pôle Emploi, sur la base du volontariat et elles s’engagent au minimum quatre matinées par semaine de 8h30 à 12h00.

L’association est subventionnée, dans le cadre de l’insertion par le Conseil Départemental ; dans le cadre de la Politique de la ville par l’état (CGET), la ville de Nîmes et le département.

L’avenir de Côté jardins solidaires

Cette année, Côté jardins solidaires fête ses vingt ans d’existence dans le quartier La structure est fédérée au Réseau des Jardins Solidaires Méditerranéen (RJSM) dont elle est co-créateur.

Les bureaux et ateliers étant implantés dans le bâtiment Nemausus, c’est un lieu de rencontres et d’échanges intergénérationnels pour les habitants des quartiers Route d’Arles, les Jonquilles, les Oliviers et Nemausus.

La présidente, Muriel Gavach, y anime bénévolement un atelier tricot. Tel autre assure un atelier de lutte contre la fracture numérique afin de favoriser l’autonomie des personnes dans leurs démarches administratives, dans un environnement de plus en plus informatisé.

Des ateliers de cuisine et de couture y sont organisés, tous les vendredis après-midi, pour les habitants du quartier ; de l’art plastique au collège des Oliviers et ponctuellement, avec les femmes du quartier, grâce à un partenariat avec Stella Biaggini, graphiste.

L’association a participé à la création d’un jardin collectif pour le bailleur social Un Toit pour Tous, une autre activité appelée à se développer dans les années à venir.

L’association s’autofinance à hauteur de 20 % par des prestations d’animation grand public sur l’agro écologie, des prestations de création de jardin collectif, par la table d’hôtes, la vente au jardin de produits bio : Plants de fleurs ou de légumes, produits transformés ou confectionnés en cuisine à l’occasion de fêtes tels que : huile d’olive au basilic ou au thym, confitures, sel aromatisé aux herbes, harissa, biscuits lors du marché de Noël, etc.

L’association compte 4 salariés en CDI, équivalent à 2,5 temps plein. L’an dernier, suite au changement de cap du gouvernement, un emploi aidé (CAE) à l’administratif n’a pu être renouvelé faute de budget. La charge de travail a été répartie entre les uns et les autres. Ici la polyvalence est une nécessité.

Je repars des jardins, les narines emplies de senteurs champêtres et les yeux émerveillés par ce petit coin de paradis. Je n’ai qu’une envie, c’est d’y revenir pour participer à une table d’hôtes et repartir avec mon panier rempli de bons légumes du potager.

Charlotte Lancoud

Association Côté Jardins Solidaires, 1 avenue du Général Leclerc, Némausus 1, Apt A 102, 30000 Nîmes

T. : 04 66 84 51 99

Mel : jardinsolidaire@club-internet.fr

www.cote-jardins-solidaires.fr

Jardins au 206 avenue Mendès France, route d’Arles, 30000 Nîmes – Bus N° 9, arrêt Platanettes

Ouvert de 8h30 à 12h00, du lundi au vendredi – vente de légumes, fleurs et plants

(1) www.facebook.com/BiocoopNimes