Biocoop La Marigoule, Petit groupement d’achat, tu deviendras grand

Dans les années 70, alors que l’agriculture plonge dans le chimique,
la monoculture et l’intensif, une poignée de parents d’élèves et de producteurs gardois s’organisent pour préserver leurs assiettes et leurs terres.

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À cette époque, les défenseurs de la Bio étaient vus comme des hurluberlus. Qu’importe ! Le groupement d’achat se crée sous l’association « Le pain de vie » en 1974 autour de quelques producteurs : des légumes, des œufs, des fromages et de l’huile (Émile Noël, belle marque Gardoise aujourd’hui, démarrait à l’époque). Les distributions se font alors dans un petit garage dans le centre de Nîmes.

Les producteurs ont à cœur de respecter mère nature, mais tout reste à faire en matière de technique Bio. Plusieurs groupements de producteurs se créent, notamment « Sol et Bio » et « Biopaïs ». Vida, l’une des productrices de l’époque, s’intéressait particulièrement à la méthode Lemaire qui utilise des algues en engrais.

De fil en aiguille, « Le Pain de Vie » grandit. Il déménage plusieurs fois, boulevard Sergent Triaire, rue Henri IV, rue Saint Rémi. C’est là, au milieu des années 80, que l’association se transforme en coopérative sous le nom de La Marigoule, avec un gérant et plusieurs employés. Le choix de produits est bien plus important, on y trouve conserves, viandes, boissons, cosmétiques… mais il faut être adhérent pour pouvoir acheter.

Pour se faire connaître ils font un peu de publicité et ouvrent un restaurant végétarien. Michelle y fait une cuisine simple et familiale le midi. Elle donne des cours et anime des ateliers les soirs et week-ends. Quand elle parle de cette période, ses yeux s’illuminent « c’était dur à gérer tout ça car la Bio allait, à l’époque, à contre courant du système. Malgré nos désaccords et les tensions, nous avons réussi à tenir bon. Nous étions tous des convaincus de la Bio ! »

C’est lorsqu’elle s’installe sur Talabot que la coopérative s’ouvre au grand public. Les consommateurs venaient principalement pour leur santé. Mais pour l’équipe de salariés et bénévoles, c’est une aventure militante écologique ! C’est en 1986 que plusieurs coopératives de France dont la Marigoule mettent en place la charte Biocoop et créent l’association du même nom.

Aujourd’hui le réseau Biocoop compte 357 magasins et emploie plus de 3200 salariés. Les décisions sont prises ensemble, par les responsables de magasins, les salariés, les producteurs et les consommateurs. La Charte Biocoop donne la priorité aux approvisionnements locaux et de saison, et pour les fruits et légumes non cultivés en France, interdit d’utiliser le transport par avion ! Cerise sur le gâteau, le réseau Biocoop fait parti de l’ESS, l’économie sociale et solidaire. Entre autres, les salaires les plus hauts ne peuvent pas être plus de trois fois supérieur aux plus bas.

Pour en revenir à la Biocoop La Marigoule, se sont 15 salariés sur deux magasins, Nîmes et Uzès. De plus en plus de consom’acteurs s’engagent en achetant dans ce réseau et Michelle, toujours bénévole aujourd’hui, se réjouit de voir des gens consommer moins mais mieux. « il faut penser à tous nos comportements, de l’alimentaire à la santé ! »

Lilie Locavore

Un Grand Merci à Vida et Michelle pour leur effort de mémoire et leur bienveillance.

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